Au langage des corps, le verbe s'amenuise
il altère son souffle, s'allège et puis se rend
finalement conquis
non sans un brin de résistance
émouvante et bavarde
flottement d'arrière-garde
où sans en avoir l'air
sous quelques gloussements profanes
on dépose les armes
devant la force vive
d'où s'élance, puissant, l'irrésistible appel
l'éclatante évidence
transcendance charnelle
d'une source première
et les mains qui se disent
entament leur prière
mélodie du désir
libérant ses arpèges
et puis cède la chair
apprivoisée
joyeusement soumise
finalement consentante
... si constentante
qu'elle en pleure, farouche, quelque caresse immense
vaste, douce et sauvage
étreinte émerveillée
chaude, tendre et humide
comme la terre odorante
enlaçant chaque instant
en vagues immortelles
en danse originelle
primordiale
animale
intimité sacrée, infiniment candide
voyage d'eau et de feu
abondamment joyeux
au-delà de l'espace et de la roue du temps
tandis que se dilate l'éternel présent
que se parlent les peaux
que se tressent les yeux
en longs frémissements
merveilleux chant d'amour éclaboussé de joie
où coule le désir comme une eau de printemps
à cette pulsation rythmée sur l'infini
grande marée d'équinoxe
engloutissant l'hiver
s'abandonnent les corps et se fondent les âmes
dans les bras de la vie
jouissance éblouie
où chante l'univers
F. Jeurissen
avril 2015